Young Urban Princess
THE YUPPIES ISSUE
Ewen Giunta
4/30/20232 min read
Le caractère fondamentalement bourgeois du Yuppie (Young Urban Professional) a du particulièrement séduire une jeune aristocrate emblématique des années 80-90, celle qui n’était pas encore coiffée de la casquette (casquette > couronne) de Lady Di mais déjà assommée du surnom moqueur « Duch » attribué par ses frères et soeurs. La jeune Diana Spencer incarne les paradoxes d’une jeune noblesse des 80s dont le lustre ne brille plus que d’un éclat d’industrie, pur produit bien bien bourgeois. Paradoxale la demoiselle, car le piquant surnom « Duch », diminutif de « Duchess » visait à ironiser ses prétentions. En effet, Diana pleines de manières, véritable petite spoiled brat (la vilaaaaine) se prenait pour une reine avant de réaliser à quel point c’est boring et d’envoyer chier le trône et son mariage bancal. En bref, Diana, mi princesse, mi it-girl, avait du mal à se ranger dans une case (Proust l’aurait préféré à Oriane de Guermantes).
Pas a proprement une Yuppie donc, parce que pas une professional, Diana recoupe pourtant pas mal des aspects du personnage. Avant de devenir Altesse Royale à plein temps, elle est assistante dans une maternelle de Londres. Elle habite un flat assez grand dans le quartier bobo de l’époque, Earl Court, en coloc avec trois de ses besties (elle est évidemment proprio du dit flat, qu’elle acquiert grâce à l’héritage de mamie).
Celle qu’on surnomme également Disco-Di est ainsi résolument young et plus encore urban (Young Urban Princess?). Cette facette de Diana, la série The Crown a décidé de l’embrasser complètement dans sa quatrième saison sortie à l’automne 2020 sur Netflix. Le troisième épisode de cette dernière « Fairytale » écrit par Peter Morgan et réalisé par Benjamin Caron suit les débuts (dés)enchantés de la jeune princesse à Buckingham Palace. La première moitié plonge le spectateur dans une atmosphère londonienne des 80s bouillonnante. Diana danse dans un club sur « Edge of Seventeen » de Stevie Nicks au milieu de ses copines, toutes sapées à la pointe du style en vogue pour les élites un peu cool de l’époque : le Sloane Ranger. Celles qu’on appelle aussi les Sloanes sont d’après Wikipédia (j’irai pas chercher mieux) : « des archétypes de la classe moyenne supérieure voire aisée, généralement mais pas nécessairement jeune, qui incarnent une éducation et un point de vue très spécifique. Le style Sloane Ranger est un uniforme, effortless, sans prétention et pourtant sophistiqué » (pensez Spencer Hastings dans PLL pour équivalent contemporain — au fond une vraie yuppie celle-là, limite je devrais écrire un article sur elle). Cet uniforme, la Diana de The Crown interprétée par Emma Corrin l’aborde assez souvent. Dans une scène de l’épisode 3, elle s’offre un instant d’escapism dans sa prison dorée, après cours de ballet. Petite ruffle neck blouse et pull en cachemire couleur Valentino pink, col V. Pantalon 7/8e, à motif vichy rose. The Crown fait le pari d’une Diana Yuppie et lui assigne une pair de patins à roulettes et un Walkman. Di se met alors à patiner au rythme de « Girls on Film » de Duran Duran, elle passe devant la salle du trône, et elle s’en fout parce qu’elle est trop stylée.
Bref, bien branchée et connectée, la Diana de The Crown est une véritable réintérprétation moderne de la princesse. L’avantage d’une Diana Yuppie, d’une Disco Di plutôt que d’une simple Lady Di, c’est qu’elle résonne bien plus avec la Gen Z, qui par nostalgie se réapproprie « Girls on Film » qu’ils ajoutent sur Spotify après l’avoie entendu sur TikTok, et qui désormais s’échappe de leurs brand new AirPods Max.
xoxo, Ewen